Quatrième épisode
Le commissaire Martin est réveillé en pleine nuit par Morvan, le policier de service qui a
été alerté par la famille Lebreton. Il fonce au port, le Brocéliande est à
quai, de la lumière et du monde à bord. La mère Lebreton, assise sur un coffre,
pliée en deux, tortille un mouchoir trempé et n’en finit pas de se moucher.
Elle raconte qu’elle s’est inquiétée, le soir, de ne pas voir rentrer Yvan, il
ne répondait pas non plus au téléphone, à minuit, elle est venue se rendre
compte…et là, elle éclate en sanglots. Les enfants prennent le relais, ils
expliquent la suite. Ils ont découvert leur père allongé dans le rouf, une
plaie à la poitrine, du sang partout, ils ont vite compris qu’il était mort.
Le
légiste conclut à une blessure par arme à feu. La balle a traversé
le thorax.
L'assassin a cloué un dessin sur le bois avec un opinel, son couteau, précise le fils. Plus de doute pour le
commissaire, Simenon est dans le coup. Il contemple ce chien jaune, peint à la
gouache. L’artiste n'a pas bâclé son travail, il a le souci du détail, petites
touches de peintures, à la manière des impressionnistes... Il se demande dans
quel but il a poussé comme ça son talent.
Quand les policiers quittent le chalutier,
le jour se lève, indifférent, sur Concarneau, la tempête qui s’est calmée dans
la nuit a lavé le ciel. Azur irréprochable ce matin, veiné de sang. La mer
assagie se prélasse sous une peau d’émeraude à peine frangée d’écume, le
vacarme s’est tu. À la place du mugissement, un silence de mort, complice dirait-on
de l'horreur qui se répand sur la ville.
Martin dépose le dessin sur son bureau, à
coté du premier et se gatte la tête. Il se demande ce que ces peintures ont à
voir avec les crimes.
— Tronchard, foncez à la
librairie et dégotez-nous le Chien Jaune.
Dans le bureau, sandwichs et bières, les
policiers épluchent le roman de Simenon. Muriel Tréguer, chouchoute du
commissaire, est la seule à émettre une idée intelligente : D’après elle,
il s’agit de représailles. Le chien jaune symbolise la vengeance, l’assassin ou
quelqu’un d’autre, enfin, le dessinateur veut les mettre sur la piste d’une
vieille affaire. C’est dans les dossiers classés qu’il faut fouiller. Évident
!
Tronchard hausse les épaules, bien une idée de bonne femme, ça. Il n’aime
pas beaucoup remuer la poussière, lui. Et la littérature, c'est pas son fort.
S'il faut chercher les coupables dans les bouquins, à présent, où va la police
?
Martin arpente la pièce.
L’intuition que ce n’est pas terminé. Il dit qu’il faut s’attendre à un autre
crime. C’est ce que lui souffle Simenon : trois jours : trois drames, à qui le tour ?
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