Traduction

Paris Polar (nouvelle)



Traversée de la nuit

Écoute la nuit. Tu entends ce raffut ? 
L'océan roule sa caisse. 
Neptune fait trembler les ténèbres. Nous renvoyant la solitude. La peur. 
Comme cette lune phosphorescente qui nous regarde...
Je déteste la lune, Violette. Tu veux savoir pourquoi ?
C'est une longue histoire.
Tu ne dis rien ? Ça ne t'intéresse pas ? Tu as encore peur ?
Il ne faut pas. C'est fini. Je ne vais pas te faire de mal et lui non plus, maintenant, tu vois bien.
Tout ça, c'est à cause de mon père. Enfin non, de ma mère plutôt. Elle disait :
— Ne pleure pas, Romain, il n'est pas méchant, au fond, papa.
Pas méchant ? Mince ! Qu'est-ce qu'il te faut ?
— Non, je t'assure, il est.... il est lunatique.
Lunatique, tu parles !
C'est tout ce qu'elle avait trouvé pour le défendre.
J'en avais déduit qu'il fallait se méfier des lunatiques. 
Et de la lune. Je l'observais chez moi, par la fenêtre, ronde, quartier, blafarde ou lumineuse, elle m'effrayait toujours. Je me disais qu'elle détenait le pouvoir maléfique de transformer mon père, de faire sortir le démon, et de faire de notre vie un enfer. 
Après tout, elle est capable de soulever les océans, pourquoi pas la colère d'un homme ?
Bon, c'est du passé. Y a plus à y revenir. 
On n'a qu'à simplement tourner la tête de l'autre côté et regarder les étoiles pointiller dans ce demi-ciel et c'est tout. Un morceau de ciel sans lune. De préférence. 
Et parler d'autre chose.
Le dos calé contre le béton encore tiède. Assis sur le sable.
Comme deux nomades. Deux gentils nomades.
Oublier tout ce qui s'est passé.
Tu sens ce petit vent qui se lève ? C'est le souffle de la marée. L'océan viendra lécher le pied du blockhaus. Pas plus. Je connais l'endroit. Il s'immobilisera là. Ce sera l'étale. Le calme plat. Le temps arrêté.
C'est l'été. L'air est si doux.
De la soie.
Et dire que c'était nos vacances ! 
Est-ce que tu as remarqué la lumière du ciel, la nuit ? 
Non ? Ben, lève les yeux.
Tu vois, ce que j'aime, la nuit, c'est que tu peux te propulser dans l'infini. Tu renverses la tête et tu plonges dans l'univers, tu voyages parmi les galaxies. Tu peux même interroger les étoiles si l'envie te prend.
Le jour, c'est impossible, tu ne peux pas décoller. Le jour, l'univers est invisible. L'astre solaire t'en met plein la vue. Résultat, tu n'y vois plus que du bleu. T'es aveuglé par la lumière et tu te crois assis sur le noyau du monde. 
L'an dernier, j'ai lu un bouquin de Hubert Reeves. Il a écrit que nous sommes tous poussières d'étoiles. Tu le savais ? 
Poussières d'étoiles. Sauf toi, Violette. Toi, tu es une étoile. 
Mais pourquoi tu ne bouges pas ? Tu ne parles pas... 
Allez, fais un effort, je t'en prie. 
Moi non plus je ne suis pas méchant, tu sais. 
Merde, il va pleuvoir, tu vois cette noirceur au-dessus de l'horizon ? C'est pour nous. L’orage qui monte. Un orage d'été. Il a fait trop chaud, aujourd'hui, ma mémé l'avait prévu : ça va se gâter ce soir, elle m'a dit, à midi. Mais ne t'inquiète pas. Ce n'est pas pour tout de suite. On a encore un peu de temps devant nous. En plus, si ça se gâte, on pourra toujours s'abriter dans le bunker.
Qu’est-ce que je disais, déjà ? Ah ! Oui,  je ne suis pas méchant. 
Max, je l'aime comme un frangin, enfin, j'imagine, parce que je ne sais rien de l'amour fraternel, je suis fils unique et entre nous c'est tant mieux, ils ont bien fait de s'arrêter là, mes géniteurs. Pour me faire endurer ce que j'ai enduré... Ben, c'était pas la peine qu'il multiplie l'expérience. 
Ça fait des années qu'on est potes, Max et moi. Depuis le CP. Ça date de quand je suis venu vivre ici, chez ma grand-mère. J'ai quinze ans, donc ça fait neuf. Déjà ! putain, neuf ans pénard ! Enfin, c'est toujours ça de pris ! Le premier jour d'école, quand je l'ai vu, Max, j'ai de suite compris qu'on avait un point commun, qu'on se ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais je ne comprenais pas encore pourquoi, je le sentais, c'est tout. Tu sais, l'amitié c'est instinctif, parfois. C'était comme des ondes. On n'a jamais eu besoin de se la raconter, Max et moi. D'abord, ses souffrances, il n'en parlait pas, alors moi non plus, c'était comme un pacte secret entre nous. Il savait pour moi et je savais pour lui et c'est marre. De toute façon, on n'avait pas de temps à perdre à ressasser nos malheurs,  et pour quoi faire d'ailleurs ? Non, ce qu'on aimait c'était de faire des conneries ensemble ! Une fois, j'étais chez Max, sa belle-doche est arrivée, tu sais, il ne peut pas la blairer, vu qu'elle a pris la place de sa mère, ça c'est normal, mais tu sais que sa mère a fichu le camp quand il avait six ans et n'a plus jamais donné de ses nouvelles ? Donc elle venait de faire des courses, elle avait ouvert le coffre de la voiture pour le vider et elle faisait des navettes pour porter des sacs dans la cuisine, Max et moi, on était assis dehors, sur des marches, à glander, elle nous a jeté : ça vous viendrait pas à l'idée de donner un coup de main, non ! On s'est levés, flemmards, pour faire semblant. Il ne restait  plus que des pots de fleurs à décharger, Max les a sortis et placés juste devant les roues de la voiture en me faisant un clin d'œil. Sa belle-mère est sortie de la maison, elle a fermé le coffre sans réfléchir, elle s'est mise au volant pour rentrer la voiture dans le garage et en avançant, elle a écrasé toutes les plantes. Max s'est pris une paire de baffes qui lui a fait valser la tête des deux côtés, je te jure, elle n'y était pas allée en flemme, la daronne, mais il a soutenu son regard, et accusé le coup sans broncher, puis il a craché par terre, il m'a impressionné. Un autre jour, on n'était encore que des mioches, on était en sixième, je crois, il m'avait invité à dormir chez lui, ses parents étaient sortis. Il s'était procuré de l'herbe, on a fumé, c'était la première fois pour moi, et puis on a bu du coca avec du whisky, j'étais complètement pété et on a regardé des films pornos dans sa chambre, c'était aussi une première pour moi, mais pas pour lui apparemment, il commentait tout à l'avance, tu vas voir, elle va faire ça, la salope, qu'il disait, mais ça me gênait vachement, surtout ces sexes en gros plan, et je découvrais des trucs que je n'aurais jamais pensé possibles, je m'étais demandé si les gens faisaient tout ça pour de vrai. Le lendemain, j'étais malade comme un chien, je te dis pas le savon que je me suis pris par ma grand-mère quand elle m’a récupéré. Elle disait que Max n'était pas une bonne fréquentation pour moi, mais je l'ai attendrie, c'est mon seul ami, mémé, je lui disais, alors elle a fini par me laisser le voir. Elle est tellement gentille, elle ne pouvait pas supporter de me voir triste, même cinq minutes. D'ailleurs, elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour être gaie, et elle y arrivait finalement, alors qu'elle n'en avait pas franchement envie au départ, d'être joyeuse, mais elle disait en rigolant, tu vois, Romain, il suffit de s'entraîner à être heureux, et on y arrive, on y arrive. J'étais bien obligé de suivre son exemple. C'est comme ça que je me suis aperçu que le bonheur c'est pas vraiment compliqué, non, c'est facile en fait, mais bon, je sais, tout le monde n'a pas la chance d'avoir une grand-mère capable de vous apprendre ça. 
Bon, je ne vais pas palabrer là-dessus parce que sinon, je risque de me mettre à chialer. Ma mémé, elle est tout pour moi. Tout. Et ça va la tuer. 
Putain de soirée.                                                                         
De toute façon, c'était mal barré depuis le départ. Je ne te parle pas du début de la soirée, mais de ma vie. Mon existence pourrie. Borderline.
Tiré un mauvais numéro comme on dit. Lieu commun. C'est facile à dire quand on n'est pas concerné soi-même. Je les entends d'ici les éducateurs et les psys. Je les vois, froncements de sourcils, hochements de têtes apitoyés, soupirs. L'empathie, l'écoute, la bienveillance, tout ça, je connais la musique. Ils veulent t'aider et il y en a même certains qui y croient dur comme fer.
Et toi, tu joues le jeu. Tu te dis, à quoi bon se fatiguer ? Essayer de leur expliquer qu'ils ne peuvent pas comprendre. Ils ne pigeraient pas ça non plus. Pourquoi les décevoir ? Tu ne veux pas les contrarier.
Et puis, des fois, un peu de douceur, ça ne fait pas de mal. Alors tu prends. Sans faire d'histoires. 
Mais ils sont à des années-lumière de ce que tu vis. Tu vois la Petite Ourse, là-haut, juste au-dessus de nos têtes, au bout de la queue, la plus brillante, c'est l'étoile Polaire : Alpha Ursæ Minoris, tu la vois bien et pourtant elle est à quatre-cent-trente-et-une années-lumière. Ben pour eux, c'est pareil, t'es aussi loin que ça. Comment tu veux franchir une distance pareille ?
Voilà pourquoi j'ai capitulé, j'ai préféré faire semblant. Et puis, j'ai hérité du tempérament de ma mère. La docilité. Enfin, je le pensais, jusqu'à... jusqu'à ce soir. 
Ma mère était très douce. Elle m'aimait tendrement. Mais elle était folle dingue de mon père. Va comprendre ! 
Ils m'ont tout montré de leur amour. Tout. Le plus beau, oui, c'est vrai, quelquefois, enfin, de temps en temps, mais le plus souvent, la plaie. 
La plaie de l'amour. 
Tu ne peux pas savoir ce que c'est. Moi si. J'te jure ! J'en connais un rayon là-dessus. 
Les scènes... et le reste. Ils étaient sans pudeur. Ils s'en foutaient. Dépassés par leur passion. 
Pas facile, Violette, je te jure ! J'étais minot quand même. 
C'était un type "bien" en apparence, mon paternel. Ne crois pas qu'il était genre pilier de bar, sans boulot, tous ces clichés. Pas une brute à priori. Non. Ingénieur, eh oui. Belle situation, belle maison, belle femme. Et moi en surplus. 
Paradigme du bonheur. 
Je ne sais pas ce qui a tout fichu en l'air. Je crois qu'il s'est passé quelque chose dans leur vie qui a rendu mon père fou à lier. 
Est-ce que nous hébergeons tous un monstre, tapi au fond de nous ? Qui peut se réveiller, sortir sans crier gare ?  
Est-ce que c'est ce qui m'est arrivé à moi aussi ? Est-ce que je suis comme lui ? Est-ce que c'est héréditaire ? 
Non non non, je maintiens ce que j'ai dit, je ressemble à ma mère. 
Je ne suis pas violent. Enfin, d'habitude. Ce soir, c'est l'exception. Un accident. Il faut me croire.
S'il te plaît Violette, réponds de temps en temps. Ton silence me pète les tympans, à force.
Je ne vais pas faire la conversation le reste de la nuit. 
L'erreur, c'est d'être venus sur la plage. De l'avoir suivi. Lui. 
Je ne suis pas malin. Comme ma mère, je te dis, obéissant. Faiblard. 
Max a toujours eu le dessus sur moi, je l'admirais parce qu'il était dur au mal, plus que moi. Il avait l'air de se foutre de tout, des engueulades, des mauvaises notes, et même des coups qu'il prenait, chez lui. Blindé, il disait. Moi, je me sentais trop tendre, à côté de lui, trop sensible, et vulnérable. Trouillard, il me disait, mauviette ! 
 C'est vrai, je le reconnais, souvent, je me laisse faire. 
Enfin, jusqu'à un certain point. Tu l'as vu, ce soir. 
Max est passé à la maison vers neuf heures, on avait juste fini de dîner. Ma grand-mère l'a invité à manger le dessert. Des fraises à la chantilly. Elle refuse de se servir d'un robot, la chantilly à la fourchette, c'est la meilleure du monde. Elle doit être la seule à faire encore ça. Ce n'est pas un rejet de la modernité, non, c'est qu'elle tient à perpétuer la recette,  c'est un rite sacré, comme une religion, tu vois ?
La pauvre, quand elle va savoir. Ça va la tuer.
Après, on est partis te chercher. La suite tu la connais. 
Mais ce qu'il faut que tu saches, c'est que je n'étais pas dans le coup, c'était son idée, pas la mienne, je n'ai pas voulu ce qui est arrivé. D'accord, j'ai perdu le contrôle. Peut-être que c'est de famille. Je veux dire, cette incapacité à maîtriser ses pulsions.
Je suis sorti de moi. 
La bête libérée. 
J'ai cogné jusqu'à n'en plus pouvoir.
J'en tremble encore, regarde.
Exactement comme mon paternel. Quand il avait la rage, je l'ai vu la frapper jusqu'à la tuer. Enfin, non, il s'arrêtait juste à temps. D'un seul coup, la main s'immobilisait, en l'air, arrêt sur image, le geste suspendu, il revenait sur terre. Ensuite, il s'écroulait, grelottant comme un hybernatus. Il jurait, se trainait à ses pieds comme un misérable. Et elle lui ouvrait les bras. Et ils s'aimaient. Et moi, à ce moment-là, je savais que je pouvais sortir du placard où je m'étais planqué. C'était fini. 
Je me suis toujours demandé quel était ce déclic, cette prise de conscience qui survenait tel un éclair au sommet de la crise pour le foudroyer sur place et l'empêcher d'achever son crime. 
Le lendemain, ma mère me berçait, me racontait des histoires, toujours le même discours, il n'est pas méchant, au fond, papa. 
Non, pas méchant, tu me l'as déjà dit, maman. Au fond. 
C'est quoi, le fond ?,  je me disais. 
Un jour, je lui ai posé la question. C'est ce qu'on ne voit pas, elle a dit. L'intérieur du cœur. Les entrailles du moi, elle a murmuré pour elle seule, le regard évaporé, comme elle avait parfois, quand on aurait dit qu'elle était partie ailleurs. 
Le fond. Ça restait un mystère. 
Le coup passé, je savais qu'on serait tranquille pendant deux trois semaines. C'était le temps qu'il fallait à sa folie pour se recharger. Comme une batterie. En attendant, on se la coulait douce. On ne se refusait rien. Cinoche, restos, balades tous les trois sur les quais. Moi au milieu, glissé entre eux qui se bécotaient au-dessus de ma tête. On aurait dit que ce bonheur était fait pour nous et qu'il était fait pour durer.
Ouais. À te remuer les tripes quand il se mettait à chanter pour elle - elle adorait Brel : "Oh mon amour, mon doux, mon tendre, mon merveilleux amour...".
Jusqu'au jour où tout recommençait : il y a un couplet, tu dirais que Brel l'a écrit pour eux, ma parole : " et chaque meuble se souvient.... des éclats des vieilles tempêtes ".
Chez nous aussi le mobilier dérouillait ! Parfois, c'était chouette, parce qu'après, on changeait de décor, de style. Et d'ambiance... Je te le fais pas dire ! Quand la musique s'arrêtait. 
Tout repartait de zéro. Le cycle infernal. Lunatique. 
Plus tard, en grandissant, ça me travaillait toujours cette obsession de la lune, et du fameux "fond", j'ai cherché sur internet. J'ai trouvé une explication qui faisait un lien entre les deux, éclairant un peu le discours de ma mère, la lune noire serait le symbole de l'invisible de nos vies, du côté obscur de nos âmes, de ce que nous refoulons dans notre inconscient. Et j'ai découvert qu'il y avait un abîme plus profond que le fond,c'est le tréfonds. Le tréfonds de l'être. Cela me terrorisait de penser que je possédais peut-être dans mon tréfonds, une part de moi que j'ignorais, et qui couvait, enfouie dans ce gouffre. 
J'en déduisais que le tréfonds de mon père, puisqu'il était lunatique, comme elle disait, devait être habité par une lune noire. Je faisais semblant d'y croire. 
En fait, je crois qu'ils étaient plusieurs dans les entrailles du moi de mon père.
Cela aurait pu durer des années. Ma mère avait du talent pour restaurer le bonheur après la tempête. C'était comme s'il ne s'était jamais rien passé. Comme si elle n'avait pas mal. Ni peur. Elle endurait. Sans rien dire. Ni porter plainte. Tu parles, elle l'adorait. Pas question d'aller baver à la police. Du stoïcisme.
Même les toubibs n'y voyaient que du feu quand elle se faisait soigner, elle les embobinait avec des histoires de chutes dans l'escalier, ou autres inventions, et elle changeait sans cesse de médecin, pour ne pas éveiller les soupçons ! Il fallait bien quand même qu'elle se fasse réparer. Les bras cassés... Les dents pétées... Et malgré tout ça, elle restait tellement belle, j'aurais voulu que tu la connaisses, ma mère. Elle sentait bon, je la revois mettre son rouge à lèvres devant le miroir et me faire un clin d'œil en même temps à travers le reflet, puis enfiler ses talons aiguilles, pendre son sac à l'épaule, et zou ! dévaler les marches comme si elle dansait dans les airs, en faisant valser sa jupe et en laissant une trainée de parfum derrière elle. 
Mais elle n'était pas invulnérable, sa résistance s'amenuisait doucement, sans faire de bruit. Le fil de plus en plus ténu qui la reliait à lui, à nous, qui la maintenait en vie, s'est rompu. 
Un jour comme les autres, elle est allée se noyer dans la Seine. 
Tu sais pourquoi elle a fait ça ? Ou plutôt pour qui ? Pour lui. Pour qu'il ne devienne pas un criminel. Pour l'empêcher de la tuer. Elle a pris les devants. C'est pas une preuve d'amour ?  Ça t'en bouche un coin, hein ? Héroïque, non ?
Mais lui aussi n'en pouvait plus de se supporter et de supporter la vie. Sans elle. "Oh mon amour..."
Il a réglé la question d'un coup de fusil. Et je me suis retrouvé orphelin.
Ils m'ont oublié, dans l'affaire. Ils m'ont juste oublié. Et pourtant ils m'aimaient. Mais pas assez pour que cela fasse la différence. 
Je n'ai pas compté assez pour les empêcher de mourir, tu te rends compte, Violette ? 
C'est de ma faute. C'est vrai, j'aurais dû râler, les engueuler, leur rappeler leur devoir de parents, leur dire que j'en avais ras le bol de leur cinéma, que je souffrais, que je voulais qu'ils arrêtent. Au lieu de ça, tu veux que je te dise la vérité ? Je crevais de peur. 
Je me planquais sous le lit quand ça bardait. J'attendais l'embellie. Qu'ils me serrent dans leurs bras, m'emmènent dîner dehors, qu'on fasse la fête, que mon père chante Brel, qu'on soit heureux. Je voulais tant retrouver ce bonheur. M'en gaver, m'en étourdir. 
En fait, j'étais lâche. Et égoïste aussi.
C'est terrible ce sentiment de culpabilité qui me serre le cœur.
Je me dis que si je m'étais révolté, si j'avais réagi, si j'étais allé me plaindre à la police, dénoncer mon paternel, j'aurais peut-être pu empêcher le drame. 
Qu'est-ce que tu en penses, toi Violette ? 
Dénoncer ses parents, tu crois que c'est facile ?
J'étais qu'un mioche, je te l'ai dit. Cinq six ans, quoi. 
J'en ai parlé à personne, j'ai tout gardé pour moi.
Et même après, les psy, va te faire voir, j'avais pas envie de discuter avec eux de ces choses moches que j'avais vécues. Surtout, j’avais pas envie de les salir, eux, maintenant qu’ils étaient morts tous les deux, je préférais garder les images de quand ils étaient beaux et heureux.
À toi, je peux tout dire, surtout ce soir.
Après ce qui s'est passé, j'aurais voulu disparaître moi aussi, avec eux, mais je me suis accroché à la vie, je ne pourrais pas t'expliquer pourquoi. Rescapé malgré moi de la tragédie. 
Bon, j'ai franchement pas envie de te faire chialer sur mon enfance malheureuse. D'ailleurs, y a pire. Dans le foyer de la DDAS où j'ai passé quelques mois, j'ai rencontré des enfants qui en avaient vu des vertes et des pas mûres et qui n'avaient personne sur terre. Moi j'ai eu ma grand-mère. Un cocon de tendresse, elle a tout fait pour essayer de me rafistoler, de me remettre dans le circuit.
Elle m'a récupéré après une sacrée bagarre avec les services sociaux. Trop vieille, ils disaient. Elle s'est battue pour m'avoir.
Elle a réussi. J'étais un môme gentil, sage, je travaillais bien à l'école. Même qu'à la fin de la troisième, au mois de juin, les profs n'étaient pas d'accord avec mon choix d'orientation. Boulanger. J'étais trop bon élève pour faire ce métier, d'après eux. Et pourquoi ? C'est déshonorant de  faire du pain ? Il faut être bête pour ça ? J'ai dit. Je suis un peu têtu. Boulanger, c'est ce que je veux être. 
Ma grand-mère s'exprime beaucoup en utilisant des proverbes, ou des maximes. Elle dit toujours d'un tel ou un tel qu'il est "bon comme du bon pain". Peut-être que cela vient de là, mon attrait pour ce métier. Va savoir... Tu sais, je suis bizarre, comme mec. J'ai l'impression qu'un boulanger, c'est un type qui peut jamais faire de mal à personne. 
À part faire du pain, ce qui me plairait aussi c'est d'étudier le cosmos. Astrophysicien. Ça doit être tripant de se balader tous les jours au milieu des étoiles, tu crois pas ? Mais c'est long, comme études, il faudrait que je squatte encore l'école pendant des piges, et ça c'est pas possible, j'ai besoin de gagner ma croûte rapidos. D'être indépendant. Avec ma mémé, on roule pas sur l'or, avec sa petite retraite, et je me dis souvent qu'il faudra que j'aie les moyens de m'occuper d'elle, quand elle pourra plus s'occuper de moi. C'est pour ça que j'ai envie de bosser le plus tôt possible.
Enfin, maintenant, même boulanger, c'est compromis. 
L'avenir... Je sais pas s'il existe encore. 
À propos, il faut que je regarde l'heure. Deux plombes ! 
Il va falloir prendre une décision. 
Qu'est-ce qu'il faut faire, Violette ? Dis-le-moi.
Mais tu es toute froide. Attends, je vais te couvrir avec ma veste. 
Je sais bien ce qu'il faut faire. Il faut téléphoner aux flics. Il n'y a pas d'autre issue. Ne t'inquiète pas, je vais m'en occuper, mais on a encore un petit bout de temps devant nous. 
Avant, j'aimerais juste voir mourir la nuit.  Regarder les étoiles s'éteindre.
Attendre avec toi les premières lueurs du jour. Là, comme ça, en te tenant la main. Sans parler, puisque tu ne veux pas. Voir l'océan se replier au large comme un trouillard. Et pourquoi pas, au petit matin, se jeter la tête la première dans l'écume ? Qu'est-ce que tu en dis ? Pour avoir l'illusion de se laver. Se laver de tout. Se sentir propre - comme un sou neuf, dirait ma mémé. Ouais, innocent, l'espace d'un instant. 
Ta main est glacée. Je sens des petits grains de mica, collés sur ta peau. Laisse-moi souffler sur tes doigts pour les réchauffer. 
Max, il faut lui pardonner, à présent. Il a déraillé, d'accord,  mais tu es tellement belle ! Belle comme le péché. Un vrai supplice, qu'est-ce que tu veux ! 
Non, non, ne te fâche pas, je ne l'excuse pas. Ok, ok, c'est mal, ce qu'il a fait. Je retire ce que j'ai dit. 
Il a tout foutu en l'air.
Moi, j'aurais continué à t'aimer sans te le dire. 
Comme un con. 
À lui laisser la première place. Je croyais que c'était ce que tu voulais. Toi aussi.
Tu vois, quand je te disais que je n'étais pas malin. 
On a fait d'abord la tournée des bars, on n'a vu personne. Personne que l'on connaît. Il avait déjà son plan dans la tête, Max, mais ni toi ni moi ne l'avons soupçonné. Il nous a bluffés et emmenés ici. 
D'habitude, tu portes toujours un jean. Qu'est-ce qui t'as pris de sortir habillée comme ça ce soir ? Attends, ne t'emballe pas, je ne suis pas en train de te dire que tu l'as cherché ce qui est arrivé, que tu nous as émoustillés avec cette robe qui s'envole au premier soupir. Ceux qui disent des trucs pareils sont des fumiers. Tu as le droit de te fringuer comme tu en as envie. Surtout qu'il faisait chaud, ce soir.
Non, ce que je veux dire, c'est que si tu avais eu ton jean, les choses ne se seraient pas passées de la même manière. Je n'ai pas besoin de te faire un dessin. Tu comprends pourquoi n'est-ce pas ?
Une aubaine, pour lui, cette robe. Le jean aurait pris plus de temps, il aurait fallu qu'il t'enlève tes godasses, tout ça... C'est ce que je me suis dit.
Il m'appelait, ce salaud ! 
"Romain, allez, viens ! viens m'aider quoi ! Elle demande que ça !"
Je voyais bien que ce n'était pas vrai. 
Tu demandais qu'il arrête, au contraire, qu'il te laisse tranquille. Tu criais.
Il te maintenait les bras pliés en arrière, couchée sur le sable. Il a même réussi à t'arracher ta culotte. 
"Allez, viens, Romain, qu'est-ce que tu fous ! "                                      
Et moi je restais planté là. J'ai mis du temps à réagir. 
Je ne pouvais pas croire ce qui était en train de se passer. J'étais scotché. Paralysé. 
Tu sais, comme quand j'étais môme et que je me planquais sous le lit pour ne pas les voir s'étriper. 
Puis, d'un coup, je suis parti en vrille. Un truc qui a explosé dans ma tête. Je me suis jeté sur lui. Je l'ai chopé par le bras, je l'ai renversé sur le dos, flanqué à terre, puis roué de coups de pieds. 
L'effet de surprise passé, il a roulé sur lui, et s'est remis debout d'un bond. Putain ! il a dit, Romain, je te croyais pas comme ça ! Il ricanait, il se fichait de moi, parce qu'il pensait qu'il ferait qu'une bouchée de moi, mais il avait l'air de jubiler comme s'il attendait, depuis longtemps, ce moment d'en découdre avec moi.
Je ne m'étais jamais battu. J'ignorais que j'étais doué pour ça. 
Et moi aussi, je croyais qu'il était plus fort que moi. 
Tu as vu ses biscoteaux ? 
Moi qui suis plutôt gringalet.
Mais je n'étais plus moi. J'avais la rage. J'étais invincible. Surhumain. 
D'où me venait cette force inconnue ? 
De toi, Violette. De toi, sûrement. 
Il n'avait pas le dessus. 
Alors il a ramassé cette planche pour me frapper. Dans le noir, je ne sais pas s'il avait vu qu'il y avait des pointes. Moi non. Je n'en ai pas eu le temps. Mais je les ai senties !
Le sang a giclé,  il pissait de mon front, coulait sur ma figure. 
Mais je n'avais pas mal, ça ne me faisait rien, rien. J'avais peur pour toi, c'est tout. 
Alors, de toutes mes forces, je me suis jeté sur lui et je lui ai tordu le bras pour lui faire lâcher ce morceau de bois.  
Maintenant il est là, regarde, couché à côté de nous. Il ne bouge plus. 
Un tas de viande.
C'est triste, c'est mon ami. Le seul que j'aie jamais eu, Violette, tu te rends compte ? 
Et lui aussi était gentil. 
Au fond. 
Si si. Je le sais. 
Parce que le fond des êtres, je sais le voir, moi.
Grâce à ma mère.
Et cet orage qui nous fait poireauter ! Qu'il s'amène et qu'il craque, bon sang ! 
Il est quatre heures, allez, courage, il faut les appeler. 
Non, attends un peu. Encore un moment, mon amour. 
Tu permets que je dise mon amour ? 
" Mon merveilleux amour. De l'aube claire jusqu'à la fin du jour..." 
C'est beau, Brel. L'aube se lève justement. Comme dans la chanson.
Combien de temps mettront-ils pour arriver, quand on les aura appelés, d'après toi ? 
Ils vont nous trouver dans un sale état tous les trois, je te le dis ! 
Tu vois le tableau ?
Tu me laisseras parler, n'est-ce pas ? Ouais, je préfère. 
Je leur expliquerai pourquoi je me suis battu avec lui. Pour te sauver, pour l'empêcher de te faire du mal, mais tu sais, je ne me fais pas d'illusions. Avec le pedigree que je traîne... mes histoires de famille et mes séjours dans les foyers, je suis catalogué, tu penses ! Ils ne vont pas me croire.
Enfin, quoi qu'il se passe, ne t'en mêle pas, laisse-les m'embarquer. 
Personne ne sera étonné, tout le monde dira : avec un départ pareil dans la vie, pas surprenant qu'il finisse  mal, ce gamin,  et les psys feront leur topo là-dessus, du pain béni pour eux cette histoire, tu verras, ils expliqueront les événements de la nuit comme s'ils savaient mieux que nous ce qui s'est vraiment passé, ils trouveront des liens, des symboles, de quoi étaler leur science. 
Au final, ils feront de moi un criminel héréditaire. Comme s'ils avaient tout pigé. 
Et qu'est-ce qu'ils en sauront de notre odyssée de la nuit ? Que dalle. 
Mais je m'en fous. J'assume. T'en fais pas pour ça. 
Et ça ne gâchera rien. Pour moi, c'était plié d'avance, je te l'ai dit tout à l'heure, je suis né sous une mauvaise étoile, pour parler encore une fois cliché, comme ma mémé. 
D'ailleurs, c'est moi le responsable de tout, c'est moi qui ai commencé à le tabasser, tu l'as bien vu. Alors qu'il était à terre. 
Je m'en veux. 
Si j'avais été plus futé, je t'aurais pris par la main et on aurait cavalé. C'est ce que j'aurais dû faire. On aurait couru, grimpé la dune et on aurait été sauvés. 
À force, je crois que je perds la mémoire, Violette, je ne sais plus qui a fait quoi. Je ne me rappelle plus. C'est brouillé dans ma tête. C'est ce qu'il disait mon père, après ses crises, il ne souvenait de rien et ne savait plus ce qui l'avait poussé. Il était malade.
Je suis peut-être malade comme lui.
Je ne sais plus ce qui est vrai.
Depuis des heures que je baratine, avec toi à côté, toute froide et qui réponds pas, qui réponds pas... Comme si t'étais morte. Je dégoise, je t'envoie des mots pour te réveiller et tu ne réagis pas, tu les laisses s'envoler dans les airs, se perdre, s'évanouir dans le noir. C'est dur. Et moi, je me soûle de paroles et je ne sais plus où j'en suis.
Je voudrais revenir au début de la soirée, juste après les fraises à la chantilly, quand on est allés te chercher. On irait marcher sur la jetée tous les trois avant d'aller au café de la plage boire des mojitos et écouter de la musique et après, on irait faire la teuf au Cachalot jusqu'au matin, puis on te raccompagnerait chez toi et rien n'arriverait, rien. 
Si on pouvait revenir en arrière, Violette ! 
On ne viendrait pas sur la plage. 
Tu connais la machine à remonter le temps ? 
Quand j'étais petit, je rêvais de remonter le temps. Revenir aux jours heureux, quand ils étaient vivants tous les deux, Violette, vivants !
Je voudrais aussi que Max soit vivant. 
Ce salaud, ce violeur. Mon pote. 
Vivant, vivant, vivant !
Parce qu'il y a des choses qui ne doivent pas arriver. Jamais, tu m'entends ? Qui ne peuvent pas nous arriver. Des choses terribles comme une nuit profonde. Comme un trou noir avalant la lumière dans l’univers. Et elles arrivent. Et même là, quand elles sont là, devant nous, en vrai, en chair et en os, si je puis dire, on ne peut pas y croire, elles ne sont pas réelles. Tu peux m'expliquer ce mystère, Violette ? 
Tiens, l'orage a fui. Il nous aura menacés toute la nuit pour se tailler au dernier moment. Fichu le camp autre part, qui sait où... Quel lâcheur ! J'aurais préféré que ça pète. Pas toi ? Que la nuit s'achève dans un feu d'artifice. Mais non. Ça aussi c’est raté.
Regarde, au-dessus de la dune, le ciel est en feu, mais c'est le jour qui se pointe.
Pourtant, c'est bizarre,  il me semble que la lumière est en train de décliner. Oui, il fait sombre tout à coup. 
Je ne vois plus que de l'encre à présent. 
Est-ce la nuit qui revient ? Qui m'ouvre les nues ? Le vide sidéral qui m'attire ? Nom de Dieu !
Et cet incendie qui embrase le monde ! Est-ce l'orage qui a fait demi-tour ?
Mais c'est quoi ce chambard ? Les flics ? Ils sont déjà là ?  
C'est toi qui les as appelés, alors ?  
Qu'est-ce qu'ils font ? Ils m'emmènent ? 
Ils m'allongent sur une civière. Pourquoi ? 
Eh ! Attendez ! Je voulais marcher, moi !
Je n'y vois pratiquement plus rien, à part ce rouge et ce noir, ce rouge qui monte au zénith, mais je suis toujours là, eh! oh ! j'entends encore. Je t'entends très bien, Violette. 
Tiens, t'es réveillée, à présent ? 
Tu demandes si je vais mourir. 
Tu as retrouvé la parole, alors ? 
Personne ne te répond. Ils ont autre chose à faire. Je sens qu'on me bande le crâne, on me pique le bras. Transfusion Hémorragie ? Tu vois, je suis encore lucide.
Tu insistes : " Il va pas mourir ?" 
Tu pleures parce qu'ils n'en ont rien à cirer de ta question.
Tu t'accroches au brancard. Ta main et tes lèvres se posent sur mon front.  Je suis déjà au paradis, ma parole ? 
Ne meurs pas, tu répètes, ne meurs pas. 
Eh ! Pourquoi tu le dis deux fois ? Je fais ce que je peux ! Si tu crois que c'est facile ! 
Allez, ne pleure pas, Violette, c'est comme ça. Il faut en finir un jour. Et la vie, tu sais, je n'y tiens pas tant que ça. Faut dire qu'avec moi, elle a été plutôt vacharde.  
C'est pas comme toi, t'es tellement belle et tu as l'avenir devant toi. 
Mais qu'est-ce que t'es en train de disserter, à présent ? 
Tu leur racontes que je serais mort si tu ne l'avais pas frappé avec la planche, mort. Que tu nous as défendus. Que t'as été obligée. 
Pourquoi tu dis ça ? 
Tu leur expliques que tu ne voulais pas le tuer. Tu n'as pas fait exprès. Ce sont ces pointes... 
Après, tu étais en état de choc. Terrorisée. 
Qu'est-ce que c'est ce char ? T'es barge ou quoi ?
Qu'est-ce que tu braves là ? Tu sais ce qui t'attend ? T'as envie de te retrouver en taule ? 
Tu les intéresses grave avec ton discours, les flics. T'as gagné ! Ils t'en posent des questions. Et ils vont pas s'arrêter là, maintenant, crois-moi. Je les connais, ils ne te feront pas de cadeau. 
Tu n'imagines même pas ! Ils vont t'embarquer comme une vulgaire criminelle. Tu seras bien avancée !
Et moi qui vais crever. Franchement, ça rime à rien ! 
Mais j'ai pas dit mon dernier mot, Violette, tant que je suis en vie, tu m'empêcheras pas de te sauver la mise. 
Hé ! Monsieur, ne l'écoutez pas.
 Elle abuse, là. 
C'est moi qui l'ai fait.
Elle y est pour rien, je vous jure, c'est moi.
Et ne complique pas les choses, Violette. 
Stoppe-moi ce laïus. C'est du gâchis. 
Dis-leur, toi aussi, que c'est moi qui ai eu sa peau. 
Et on n'en parle plus. 
Laisse-moi le mauvais rôle.
Je veux bien mourir, d'accord, mais avant, s'il te plaît, respecte ma dernière volonté, c'est comme ça qu'on dit. Non ? 
Alors, fais-moi ce plaisir.
Laisse-moi casquer à ta place. 
Laisse-moi être ton champion.








1 commentaire:

  1. Bonsoir Simone,
    Quel plaisir de vous avoir revue ce matin à lire en poche à Gradignan... Quelle belle surprise... après le festival de thrillers à Gujan...
    Bon bon je m'égare...
    Votre nouvelle est juste superbe... Comme je vous l'ai déjà dit, il y a quelque chose de doux dans votre écriture alors même que vous décrivez le dramatique, le tragique de la vie... on ressent aussi la remise en cause de votre personnage et pourtant tout le monde ne sait pas le faire...
    On se voit sur les dunes de la pointe du cap... on voit le blockhaus, enfin moi je le vois très bien et la nuit étoilée au dessus de l'océan... j'avais même l'odeur.
    Vous m'avez surprise car pour tout vous dire, je me suis interrogée sur l'état de Violette.. est-elle morte ou en état de sidération... mais non c'est encore mieux que cela, c'est lui qui est en train de mourir et bien-sûr alors qu'elle ne peut pas l'entendre car il fait bien plus qu'un monologue...
    Bon j'arrête... juste j'ai adoré...

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