Traduction

dimanche 24 décembre 2017

Noël




Chers lecteurs, je vous donne rendez-vous en 2018. 

En attendant  j'ai choisi pour vous, un passage de circonstance :  Si vous avez la chance d'être entouré par des personnes que vous aimez,  soyez heureux ! 

Belles fêtes


Josive leur a bien spécifié de mettre leurs différends de côté, l'espace de quelques heures. Un cessez-le-feu, il a dit. Il ne tient pas à ce qu'on lui pourrisse sa soirée. Pour une fois qu'il va passer Noël avec trois jeunesses à la place d'un vieux crouton comme lui, comme les années précédentes, il espère un peu plus d'entrain.

Tout en parlant, il ouvre et sert le champagne. Il s'efforce de détendre l'atmosphère. Il sort des vannes, il dit que ça fait longtemps qu'il n'a pas rigolé, eh oui, tout seul avec soi-même, c'est pas évident de se fendre la poire, même quand on a une nature joviale. 

lundi 18 décembre 2017

2018


Chers lecteurs, 

Je vous donne rendez-vous en 2018 !



 

 Je me réjouis de retrouver des amis, de faire connaissance avec des auteurs et de rencontrer de nouveaux lecteurs.


mercredi 13 décembre 2017

un autre ?

  

Histoire de vous donner un autre aperçu...



Kevin n'arrête pas de penser aussi à cette fille qui faisait la mijaurée, genre princesse des mille et une nuits, et qui lui a filé entre les doigts, à Calais. Il se demande où elle est, si elle a réussi ou pas à passer en Angleterre et pourquoi il est agacé comme ça, en gambergeant à elle, parce qu'elle n'est après tout qu'une meuf comme les autres. Ce n'est pas dans ses habitudes, les filles, il les kiffe un temps et après il les jette.

Il est carrément étonné de faire une fixette sur elle, parce que jusqu'à présent, son cœur, il le situait plutôt entre ses jambes. Peut-être qu'il est seulement jaloux, parce qu'elle avait tapé dans l'œil de Milo. C'est ça, il est simplement mauvais de se l'être fait souffler par ce frangin. C'est élémentaire comme psychologie, pas nécessaire de se prénommer Sigmund pour comprendre ça.

jeudi 7 décembre 2017

Un passage


Pour que vous ne m'oubliiez pas en attendant, chers lecteurs...


Un air de fête flottait dans le ciel, changer la vie ! changer la vie ! Les mots de Rimbaud portés en oriflamme.

 Il faisait beau, il y avait de l'entrain, des enfants dans le cortège, et même des tout-petits à califourchon sur des épaules. 
 Il y avait cinq mille personnes, sur la place Saint-Michel, ce jour-là.

Et eux deux, au milieu du troupeau, ballottés par le flot, occupés à ne pas se perdre des yeux entre les têtes.


Il ne serait plus possible, à ce stade de leur aventure,  d'incriminer le sort, d'accuser la chance, la bonne étoile, de rendre responsable le fatum, le Karma, de soupçonner une machination de la providence, ni un vulgaire coup de dés.  


Non, rien de tout cela.  


L'auteur, le cerveau, le maître d'œuvre, l'artiste, c'était l'amour, la supplication, l'injonction de l'amour, l'emballement du cœur, toc toc toc, l'embrasement des sens, le désir, poum poum poum, la libido, le feu, la fièvre, la faim et soif de l'autre, la fringale charnelle, la pépie.

mercredi 6 décembre 2017






J'ai rencontré Céline Denjean à Toulouse, lors du festival Toulouse Polars du Sud.
J'ai été immédiatement séduite par sa générosité et la chaleur humaine qui émane de sa personne.

 Bref, une de ces belles rencontres qui se produisent parfois sur les salons...

Je ne vais pas ici répéter ce qui a été déjà dit de ce roman, La fille de Kali.
Intrigue bien ficelée, bien sûr, triple enquête, celle d'une capitaine de gendarmerie, d'une jeune journaliste quelque peu écervelée, mais perspicace, et celle d'un détective privé. Leurs découvertes se croisent pour mettre le lecteur, qui seul peut recouper les informations et rassembler les indices, sur la  piste de la meurtrière.
Mais je préfère souligner ce qui m'a personnellement intéressée.
J'ai été séduite par le style, sobre, efficace, impeccablement soigné et élégant de Céline. Point de clichés, ni de lieux communs. Et près de 500 pages...
J'ai aimé ses personnages, en effet, les femmes ne sont pas souvent à l'honneur dans les polars, (à part dans ceux de Danielle Thierry, qui heureusement redresse généreusement la situation en notre faveur ! et de quelques autres, La fille du train de Paula Hawkins, Lisbeth Salander de Steig Larsson ou encore l'héroïne de Camilla Lackberg).
Mais ici, Céline nous dresse de beaux portraits de femmes. Tous différents.
J'ai été particulièrement touchée par celui de la tueuse, qui commence par le récit à la première personne d'une enfant des bas quartiers de Calcutta.
Le ton est différent, le style particulièrement sensible, à fleur de peau, est déchirant. Il fait mal. Ces passages qui vont jalonner le roman plongent le lecteur dans la misère la plus noire, la plus sordide, et le font basculer dans la pitié et l'empathie à l'égard de la criminelle.
Parce que, derrière cette enquête, en prenant  la voix particulièrement émouvante de cette petite fille, ce dont Céline veut nous parler, c'est de l'enfance sacrifiée, broyée, dans le monde et elle attire notre attention sur ce douloureux sujet.
C'est ce qui me reste de ce livre, plusieurs semaines après sa lecture, oui, pour moi,  c'est : L'enfant de Kali...


Céline a accepté de répondre à mes questions sur l'écriture du noir :



Le polar s’est imposé à moi, sans aucun doute!


J’ai grandi à côté d’une mère amatrice du genre : livres, feuilletons... le noir dominait chez nous...Je me rappelle enfant de la jubilation à poursuivre l’assassin à côté de Maigret ou Colombo ! 

L’énigme policière, clef de voûte d’une émulation intellectuelle... Clef de voûte souvent facétieuse avec Agathe Christie, plus sombre et humaine avec Simenon ou Chabrol ou carrément psychopathologique avec Hannibal Lecter...

Plus tard, je me souviens de l’épouvante face aux crimes. La fascination horrifiée face aux passages à l’acte et les interrogations sans fin sur la logique de l’assassin.

Je suis de la génération d’enfants qui ont entendu au JT la célèbre entrée en matière de Roger Gisquel: « mesdames, messieurs, bonsoir, la France a peur » ou de ceux qui ont écouté leurs parents débattre avec passion de la peine de mort...

L’actualité alors faisait une belle place aux braqueurs du type de Spaggiari, à l'Ennemi public numéro 1 ou aux violences d'Action Directe.La société des années 80... une société en crise avec la fin d’une ère prospère et la naissance d’une médiatisation des faits divers, des violences et du crime aux formes multiples... mon père était réparateur TV, et des télés, y’en avait dans chaque pièce... autant dire que j’ai grandi avec!

Alors voilà, aussi tôt qu’il a m’a été possible de penser, j’ai questionné l’âme humaine: pourquoi la violence? Pourquoi le crime? Quels sont les ressorts psychologiques de tous ces autres si ressemblants et pourtant si étrangers par la barrière que le crime a posé entre eux et moi?

Écrire du Noir, c’est être foncièrement persécutée par cette question de la transgression de l’interdit. Écrire du Noir, c'est mettre en abîme une société et ses individus. Écrire du Noir, c’est interroger sans cesse le sens de l’acte insensé, la logique du fou, la motivation de l’assassin, le lien entre la psyché et son environnement, c'est interroger les sources et les causes et les traumas et les subjectivités et les dynamiques de groupes...

Écrire du Noir, c’est plonger dans l’âme humaine, sillonner ses méandres, se déplacer de soi vers un autre soi-même hypothétique, imaginaire, supposé, potentiel... le Polar, c’est le « et si... » dynamique de l’histoire d’une déviance, d’une souffrance, d'un échec personnel, éducatif, sociétal, familial...Le polar est en somme une porte d’entrée dans la condition humaine.